Anne-Sophie Mutter / Kammerorchester Wien Berlin

Par Alexandre le 15.05.2019

Le destin s’acharnant sur Mozart, il pleuvait des cordes quand nous sommes allés à la Philarmonie mercredi soir voir jouer Anne Sophie Mutter accompagnée par la réunion des kammerorchester de Vienne et Berlin. (Très) régulièrement récompensée des plus grandes distinctions, Anne-Sophie Mutter s’est imposée comme une des meilleures violoncellistes solistes et notamment dans l’interprétation des œuvres de Mozart au violon; œuvres d’autant plus spécifiques que le violon n’était pas l’instrument de prédilection de ce compositeur. Mozart n’a composé que cinq œuvres pour violon et cette soirée avait pour ambition d’en présenter quatre afin d’illustrer l’évolution de ses compositions tout au long de  sa carrière.

Ce concert est aussi la suite de la réunion historique, et que certains croyaient littéralement impensable, des orchestres de Berlin et Vienne aux styles si différents –  Vienne réputée pour son « élégance moelleuse »*, quand l’école berlinoise est réputée plus vive et fougeuse.

La soirée s’annonçait donc extraordinaire : une référence du violon jouant du Mozart avec la réunion d’orchestres que tout oppose mais qui ont appris à conjuguer leurs styles.

Et pourtant, nous appréhendions un peu, et même beaucoup. Mozart est un compositeur très complexe et pas aussi abordable qu’on peut parfois le penser. Faute d’expérience, d’habitude et de pratique, il nous fallu du temps pour « rentrer » dans le concert et en apprécier les subtilités. Les œuvres interprétées n’étaient en plus pas les plus connues du grand public.

Et puis lors du quatrième et dernier concerto pour violon (Konzert fur Violine und orchester N5) quelque chose s’est « déverrouillé » en nous et nous nous sommes laissés emporter. Lors de ce concerto, les choses s’emballent peu à peu et explosent à la fin du morceau ; le tout guidé par une soliste tout en retenue et contrôle, jouant sans aucune partition.

Et si nous avons mis du temps à saisir la subtilité du récital, nous avons eu l’impression d’avoir pour la première fois vraiment apprécié et découvert l’œuvre de Mozart.

Le public de la Philharmonie était quant à lui complétement conquis. Nous n’avions jamais vu les spectateurs aussi enthousiastes pour un interprète. Au deuxième rappel, toute la salle s’est levée pour applaudir.

*comme le décrit si bien la Philharmonie dans sa présentation de l’évènement.

[NDLR] Pour suivre la prochaine découverte de Grrrrr à la Philharmonie, ce sera le 20 mai prochain avec Sir Andras Schiff.