ARCTIQUE

par Alexia le 03.02.2020

2025. Le réchauffement climatique est une réalité. L’Europe est ravagée par la guerre. Le Groenland attire les convoitises économiques, la fonte des glaces ayant libérée d’immenses richesses minières.

Nous embarquons sur un ancien paquebot de luxe, l’Articque Serenity qui dérive lentement entre les icebergs après que le remorqueur qui devait l’emmener jusqu’au Groenland ait disparu.  5 personnages se trouvent à bord, passagers clandestins et abandonnés. Personne ne sait qu’ils sont là.

Piégés dans une situation dramatique, les tensions entre les personnages sont vives. D’autant qu’ils comprennent progressivement qu’ils ont tous un lien avec cette histoire. Ils sont réunis pour expier les fautes du passé.

 La pièce d’Anne-Cécile Vandalem est un thriller climato-politique en huis clos qui nous emmène progressivement à comprendre le lien entre les personnages, ce qui les a amenés sur ce bateau et quelles sont leurs chances de survie. Seulement, l’enchevêtrement d’intrigues et de rebondissements tout au long de la pièce rendent difficile la compréhension de l’intrigue principale. L’esprit est sans cesse happé par de nouveaux conflits ou évènements périphériques qui brouillent la clarté du scénario.

Esthétiquement, ce spectacle est magnifique. Sur la scène, l’ancienne salle de bal du paquebot, plongée dans la pénombre, éclairée par quelques lampes torches. Au fond, dans une alcôve, les fantômes des musiciens d’antan accompagnent la pièce par de la musique live, renforçant admirablement les différents épisodes tragiques.

Un écran en hauteur retranscrit des flash-back et tout ce qui se passe sur le pont ou dans les couloirs du paquebot. Dans un décor caché à la vue des spectateurs, les comédiens jouent et sont filmés en direct. Souvent filmés en gros plans, on est au plus près de leurs expressions, de leurs pensées, de leurs intimités… Ce qui se passe hors de la salle de bal est proche du film d’horreur. Musique lourde, pas de visibilité, perception de mouvements dans le coin de la caméra, ambiance feutrée… A contrario de ce qui se passe sur scène, qui est plus explosif, proche du théâtre de boulevard, avec des cris et des personnages caricaturés et qui fait perdre en intensité.

Anne-Cécile Vandalem utilise toutes les techniques possibles pour nous embarquer dans son histoire mais ne s’éloigne-t-on pas de l’essentiel ? Lorsqu’un ours rentre sur scène menaçant les personnages, oui cela renforce le dramatique de la situation mais n’est-ce pas un peu « too much » ? qu’est-ce que cela apporte au scénario ?

Pour moi, les trop nombreux styles, techniques et intrigues différentes perdent le spectateur qui passe à côté de l’essentiel de la pièce, noyée par la surcharge visuelle et scénaristique.

Pour aller voir le spectacle, les prochaines représentations auront lieu à Hambourg, les 5 et 6 février au Thalia théâtre.

Rendez-vous également sur le site des Théâtres de la Ville de Luxembourg et son excellente programmation