Bounce! enflamme la rentrée des Rotondes

Ou l’art de rebondir
Bounce - © gaelic.fr

Samedi 03 octobre 2015, nous arrivons aux Rotondes, qui ont désormais retrouvé les anciens ateliers de maintenance des locomotives à vapeur, datant de 1875 de Bonnevoie.

Aujourd’hui, les Rotondes font leur rentrée. Il y a dans la cour intérieure une myriade de spectacles dont une impressionnante démonstration de Parkour (Cette discipline a été popularisée au début des années 2000 par Ariel Zeitoun avec Yamakasi. Le film mettait en scène des jeunes de banlieue, pratiquant cette discipline, et qui escaladaient donc des immeubles, passant ensuite de toit en toit).

19h, nous pénétrons dans la rotonde où se déroulera le spectacle. Comme son nom l’indique, la salle de spectacle est ronde (52m de diamètre), sobrement drapée de grandes tentures noires, les gradins forment un arc de cercle et rappellent les amphithéâtres antiques. La salle se remplit de nombreuses familles, les enfants rient, escaladent les marches pour rejoindre leurs sièges, puis le silence se fait. Les lumières s’éteignent et le spectacle d’ouverture de la saison 2015-2016 des Rotondes commence.

Rotondes - © Christian Aschman

Au centre de la scène est installé un cube de bois de 3m3 autour duquel le spectacle va se construire. Le cube sera tantôt attirant, tantôt effrayant, tantôt absent. Il nous évoquera régulièrement le monolithe noir de Kubrick dans 2001, l’odyssée de l’espace et sa charge symbolique inépuisable.

Sur notre gauche, une violoniste et un violoncelliste jouent de concert tandis qu’un couple de danseurs discute de banalités quasi inaudibles sans nous prêter la moindre attention. Assez négligemment vêtus, ils esquissent quelques pas de danse sans prétention. Ennui. La peur nous gagne. Va-t-on passer l’heure de spectacle à avoir envie de partir et les Rotondes sont-elles en train de rater leur rentrée?

Très vite, les quatre artistes nous rassurent. Si les premières minutes du spectacle sont ternes, c’est pour mieux faire éclater les couleurs des créations qui s’enchaîneront ensuite, mieux rééchanter le gris du quotidien.

Peu à peu, les situations se construisent devant nous. Les chutes simulées des danseurs sont prétexte aux premières figures de break dance. Les disputes entre les personnages deviennent au fil des distorsions de leurs mots des morceaux d’human beat box. Lorsqu’une danseuse excédée par son partenaire colle son micro sous le nez de ce dernier, le micro se fait peu à peu laisse et le partenaire petit chien de compagnie inoffensif. Les scènes, d’une créativité sans borne, s’enchaînent naturellement, chaque geste provoquant le suivant, chaque échec son rebond.

Si certaines scènes sont véritablement clownesques et déclenchent l’hilarité des petits, d’autres sont de sublimes chimères, mêlant voix pures a cappella (qui effleurent les univers des airs aériens de Sigur Rós, des chants épurés du groupe finlandais Värttinä et des beautés brutes des polyphonies corses) et performances artistiques inédites.

Parmi nos moments d’émotion les plus tenaces demeure cette scène où un danseur se jette à corps perdu contre le cube de bois, désespéré et enragé. Chaque choc résonne dans toute la Rotonde. Mais, peu à peu, l’enchaînement des chocs forme un rythme, une mélodie: la douleur devient art, l’échec une renaissance.

Nicolas Margot

 

Bounce - © gaelic.fr

Les représentations de Bounce! à Luxembourg sont malheureusement terminées, heureusement la compagnie ARSCOM est en tournée et la saison 2015-2016 des Rotondes ne fait que commencer.

Pour connaître l’histoire des Rotondes et briller en société, rendez-vous juste ici!

Pour voir ou revoir quelques passages de Bounce!, c’est par là!

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