Der Weg Einer Freiheit: Post-Black Metal night à la KuFa

par Laurent B. le 05/04/2019

Grands habitués des salles Luxembourgeoises, les allemands de « Der Weg Einer Freiheit » sont de retour pour célébrer les 10 ans de leur premier album, ils sont accompagnés pour l’occasion par les Lituaniens d’« Au-dessus » et de « The Devil’s trade » en provenance de Hongrie.

C’est avec ces derniers – ou plutôt ce dernier, puisqu’il s’agit d’un one man band – que commence la soirée. Entame en douceur avec un folk noir et profondément mélancolique aux relents blues.

Le chanteur, dont je ne peux m’empêcher de constater la ressemblance très troublante avec Tom Hardy dans « Bronson » (voir ci-dessous), est donc assis à l’avant de la scène partiellement enfumée et distille avec une émotion palpable et sincère ses compositions interprétées successivement au banjo puis à l’aide de deux autres guitares. Le public qui commence à se former doucement, écoute religieusement ces premières notes et semble dans l’ensemble apprécier cette performance plutôt inhabituelle pour une soirée labellisée « Black Metal ».

Tom Hardy ©Bronson
Dávid Makó (« The Devil’s trade ») (c) all rights reserved

Tel les Quatre Cavaliers de l’Apocalypse, les musiciens d’« Au-dessus » investissent ensuite la scène vêtus de leurs larges capuches noires. Le groupe fait sensation depuis deux ans et ce même bien au-delà du milieu Metal, leur dernier effort « End of chapter » a ainsi été chroniqué par…. Télérama !

Affublé de l’étiquette « Post-Black-Metal » les lituaniens livrent donc un savant mélange de Black et d’autres influences, notamment Sludge. Leurs compositions ménagent ainsi de manière cohérente (entendez par là non binaire) les instants calmes et les assauts de blast beats si caractéristiques du Black. L’ensemble dégage une atmosphère ésotérique et hypnotique certes relativement accessible mais ne cédant jamais à la facilité, « Au-dessus » prend le temps d’installer ses ambiances sans pour autant devenir ennuyeux. Un set très convainquant donc (malgré un light-show un brin trop démonstratif à mon goût, en résumé : épileptiques, fuyez !) il manque cependant selon moi un petit quelque chose en plus, peut-être davantage de personnalité et d’originalité, pour transformer complètement l’essai.

Place maintenant à la pièce de résistance, « Der Weg Einer Freiheit » que j’avais eu l’occasion de voir en ouverture de leurs compatriotes « Heaven Shall Burn » à l’Atelier, les bavarois m’avaient alors particulièrement impressionné avec leur Black Metal mélodique ultra efficace.  

J’abordais pourtant ce concert avec une légère appréhension, je savais que leur premier album serait joué en intégralité ce soir et j’avais eu bien du mal à accrocher aux blasts sans concession et quasi-permanents de cet album éponyme malgré ses qualités mélodiques… Et pourtant ce sont ces mêmes blasts qui me mettront une énorme claque d’entrée avec l’excellent « Ewigkeit ». Le jeu de Tobias a en effet ce quelque chose de grisant, un groove qu’on ne retrouve pas à l’écoute de l’album, je suis frappé par son apparente décontraction et son attitude très stoïque derrière les fûts alors que le bougre nous assène au même moment une volée de blasts débitée à une vitesse proprement hallucinante. 

© Laurent B.

Cette rythmique dévastatrice couplée aux riffs entrainants de Nicolas, au chant brutal (en Allemand de surcroît…) et maîtrisé de Nikita et à la basse (miracle, la basse est bien audible !) de l’autre Nicolas forment un ensemble qui fait mouche et qui fera vibrer la KuFa jusqu’à la fin du set. Je ne boude donc finalement pas mon plaisir – loin de là – lors de ces 40 et quelques premières minutes. Petite accalmie mais de courte durée avec l’épique et majestueux « Ein Letzer Tanz » et son intro à la guitare, le plus long (13 minutes tout de même) et peut être le meilleur morceau du dernier album.

C’est dans cette seconde partie et avec ces derniers morceaux que l’on mesure pleinement la progression du groupe depuis 10 ans, les compositions sont effet plus atmosphériques et variées mais elles font encore la part belle aux passages Black et à l’émotion, le tout est délivré avec toujours autant de cohérence et de précision.

En bref une excellente soirée placée sous le signe d’un renouveau salvateur d’un genre encore trop critiqué pour être enfermé dans ses codes.

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