Grèce Troï(k)a

A l’heure des débats sur le « Brexit », nous avons assisté au spectacle « Grexit », une création 2015 du collectif théâtral Independent Little Lies, basé à Esch sur Alzette.
C’est dans cette même ville, à la Kulturfabrik, où a lieu la représentation à laquelle nous assistons. L’accueil est chaleureux dans cet ancien abattoir public, « squatté » par des artistes, puis officialisé comme centre culturel en 1996. Pour s’approcher de l’environnement du spectacle, on peut picorer quelques « mezze » grecs dans un décor industriel.


Soudain, l’ « Odyssée » commence : la performance théâtrale nous porte dans trois différents lieux de la « Kufa » : du Kinosch à la Grande Salle pour finir à la Galerie Terres Rouges. Le propos est grave : il s’agit de la Grèce en crise, de l’Antiquité à nos jours, à travers des textes grecs, français ou allemands. C’est un spectacle exigeant, qui demande de la concentration, des connaissances linguistiques et une bonne culture générale pour faire les liens entre les diverses époques, mythes et contextes socio-éco-politiques.
Le voyage débute à une époque postérieur avec un texte de Yannis Ritsos reprenant le mythe d’Electre et d’Oreste. Puis il s’agit de l’époque contemporaine, sur un plateau de télévision où Grecs et Troyens s’affrontent sur un fonds de « Smash Troï(k)a »… Hélène et l’Euro ont-ils une chance d’être sauvés ? Jan Kochanowski, Christa Wolf et David Graeber traitent de l’éventuelle sortie de la Grèce, berceau de la civilisation européenne, de l’Europe : effondrement pour les uns, soulagement pour les autres…  Grexit ne laisse en aucun cas indifférent et bouleverse un monde. Le monologue « Je meurs comme un pays » de Dimitris Dimitriadis clôture de manière sombre ce parcours théâtrale en prophétisant l’apocalypse…
Grexit ne laisse que peu d’espoir et les longs monologues ne permettent pas vraiment au spectateur de reprendre son souffle. Le drame est total : il faut s’y préparer pour ne pas sombrer…

 

Mélanie Petton

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