Io sto bene de Donato Rotunno

(c) Io sto bene Tarantula

Les sorties nationales luxembourgeoises sont rares et c’est avec d’autant plus d’intérêt que nous nous sommes penchés sur le dernier film de Tarantula, « Io sto bene » de Donato Rotunno qui nous offre un regard intéressant sur l’immigration italienne et la construction du Luxembourg dans les années 60 à travers l’histoire d’un homme, Antonio qui tente sa chance au Grand- Duché pour échapper à la crise économique du Sud de l’Italie.

Le film dévoile deux parcours de vie qui se croisent et s’entraident: d’un côté Antonio, qui se remémore sa jeunesse et son installation au Luxembourg suite au décès de sa conjointe luxembourgeoise Mady, de l’autre Léopoldina (dite Leo) jeune trentenaire paumée qui tente de percer au Luxembourg dans la musique, ce qui nous vaut d’ailleurs le titre du film ‘Io sto bene‘ de CCCP, groupe des années 90’s connu en Italie, qui est utilisé par Leo dans ses compositions DJ.

Joué avec fraîcheur par Alessio Lapice dans un Luxembourg de la fin des années 60 finement reconstituté mais surtout interprété par l’excellent Renato Carpentieri dans un Luxembourg contemporain familier, le personnage d’Antonio est de loin le plus intéressant du film, de par sa complexité et son parcours de vie, auquel n’importe quel résident étranger peut s’identifier.

Sa rencontre et l’aide qu’il va apporter à Leo nous offrent de sympathiques scènes dans un Luxembourg contemporain connu mais ne justifient pas l’intérêt principal du film.

C’est bien son histoire, son arrivée et la construction de son parcours et de son identité au Luxembourg qui résonnent de manière tellement juste en nous. La difficulté pour Antonio de découvrir un nouveau pays, une nouvelle culture et une nouvelle langue (les dialogues lors de la rencontre d’Antonio avec ses futurs beaux parents luxembourgeois sont savoureux grâce au passage du luxembourgeois au français), l’amour et la perséverance de Mady pour l’intégrer à son monde: autant de thèmes qui suffisent à eux-seuls la découverte de « Io sto bene » dès aujourd’hui en salles.

Io sto bene, un film de Donato Rotunno, 2020

Sortie nationale en salles le 13 octobre 2021

« Antonio (Renato Carpentieri) est un homme âgé. Il a passé sa vie au Luxembourg, y a épousé Mady (Marie Jung), qui vient de décéder. Il est temps de céder l’entreprise qu’ils avaient créée, de vendre leur maison et d’aller dans une maison de retraite. Les souvenirs reviennent, le voyage avec ses cousins établis en Belgique, la rigueur du climat, sa rencontre avec Mady… Ses amis font une fête en son honneur. Lorsqu’il les quitte, il est pris d’un léger malaise et la jeune Leo (Sara Serraiocco), la dj qui animait la soirée, le ramène chez lui. Elle vient d’arriver au Luxembourg, son copain l’a quittée, elle travaille dans une discothèque où elle agrémente la musique par des créations vidéo. Lorsqu’elle perd son emploi, elle se retrouve seule et désemparée. Elle ne peut s’adresser qu’à Antonio qui la prend sous son aile. De génération en génération les histoires se répètent, toutes uniques, toutes semblables.« 

A retrouver également en clôture du festival du film italien de Villerupt le 12 novembre prochain.