Kafka au festival Perspectives

Instruire le procès de Joseph K. dans les sous-sols du château de Sarrebruck

C’est dans les sous-sols du château (Schlosskeller) de Sarrebruck que se tenait ce samedi 13 juin 2015 le procès de Joseph K.

Pendant 75 minutes, le spectateur est maintenu en apnée dans les arcanes d’un système judiciaire kafkaïen où une logique absurde broie les vies humaines sans discernement, sans humanité.

L’arbitraire, les abus de pouvoir, la soumission à des règles sacralisées quoique connues de façon parcellaire, sans aucune philosophie sous-jacente rendent le système violent et insensé. Kafka nous montre avec intelligence et simplicité combien le fait de se soumettre à des règles que l’on nous demande de suivre sans s’interroger sur leur bien fondé peut nous mener à des comportements d’une extrême violence sans le moindre sentiment de culpabilité ou de compassion, chacun ne faisant « que son travail ».

Naissance du Théâtre Du ?

C’est lors d’un stage de théâtre à Nantes que le noyau dur du Théâtre Du se rencontre en 2014. Ils sont dix au total, étudiants en architecture, en histoire, en géographie, en philosophie, en lettres modernes, en arts dramatiques. C’est cette large palette de personnalités qui donne tant de charme à la jeune compagnie nantaise.

Gagnants d’un concours tremplin en Pays de la Loire, ils accèdent à la possibilité de présenter leur version du Procès de Kafka lors de deux dates au théâtre universitaire de Nantes. La salle est très grande mais la troupe se l’approprie avec beaucoup d’aisance. 9 larges panneaux leur permettent de créer un jeu d’ombres chinoises intimidantes qui viennent souligner la dureté de l’histoire. Ce samedi 13 juin 2015, la troupe a signé sa troisième et dernière représentation.

Franc succès dans la Sarre pour les nantais puisque lorsque la lumière s’éteint sur la mort de Joseph K., le public conquis applaudit à tout rompre après quoi certains spectateurs viennent féliciter la troupe pour sa fraîcheur, son énergie, sa capacité à incarner l’œuvre de Kafka.

 

Interview d’une compagnie de passionnés ayant traversé la France d’Ouest en Est pour venir présenter son spectacle dans le cadre du festival Graffiti.
Grrrrr : « Comment est né le Théâtre Du? »
Théâtre Du : « On s’est rencontré en 2014 lors d’un stage de théâtre proposé par l’université de Nantes visant à aider les étudiants à réaliser un projet. Nous ne sommes pas tous étudiants en arts dramatiques : histoire, géographie, philosophie, architecture, théâtre et danse, lettres modernes. Nos profils sont extrêmement variés. On travaille aussi avec deux techniciens. L’un est étudiant et l’autre est intermittent du spectacle. »

Grrrrr : « Pourquoi avoir adapté le Procès de Kafka? »
Théâtre Du : « Lors de notre arrivée au stage de théâtre, on nous avait déjà demandé d’apporter un projet d’adaptation. Deux d’entre nous avaient écrit un manuscrit qu’ils ont proposé. Nos idées de mise en scène ont plu mais le texte n’était pas assez abouti. On nous a donc proposé cette adaptation du procès de Kafka qui est assez similaire à ce que nous avions proposé. Nous étions unanimement enthousiastes à l’idée de monter ce projet. »

Grrrrr : « Depuis combien de temps avez-vous commencé les représentations? »
Théâtre Du : « Depuis mars 2015. Ce soir, c’était notre troisième représentation. On a bravé pas mal de soucis techniques, certains ont eu des déboires avec les murs, d’autres les rideaux, les chaises. Heureusement, ça ne s’est pas vu pendant la représentation. Pour Sarrebruck, nous avons dû faire évoluer nos décors dans la mesure où la scène sur laquelle nous jouions à Nantes était beaucoup plus grande.

Grrrrr : « Avez-vous d’autres dates prévues après cette représentation? »
Théâtre Du : « Nous n’avons pas de nouvelle date prévue pour le moment. Nous sommes tous étudiants dans des écoles différentes. Certains d’entre nous vont partir en échange à la rentrée prochaine. Du coup, ce ne serait pas étonnant que ce soit la dernière. À l’heure actuelle, le projet pour la rentrée prochaine est encore assez flou. Seule certitude: l’association que nous avons créée pour ce projet va perdurer pour que les générations futures d’étudiants puissent en profiter sans avoir besoin de refaire toutes les démarches administratives. »

Pour assister au festival GrAFiTi l’an prochain, restez à l’écoute via la page Facebook du festival : https://www.facebook.com/grafitifestival?fref=ts

Nicolas Margot

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