La dame aux camélias

par Mélanie Luxembourger le 13.03.2020

Trois heures de théâtre qui vont crescendo avec une revisite de l’auto-fiction de Dumas fils en une tragédie pourpre mais glaçante, puisant à la fois dans le roman publié en 1848 et dans la pièce jouée pour la première fois en 1852.

Premier point plutôt intéressant pour cette adaptation, c’est que la direction n’as absolument rien réécrit, n’a pas cherché à rendre modernes ou actuels les personnages, mais a tout simplement sculpté dans le corps du texte pour exacerber les points les plus intéressants de l’histoire.

Le choix de mise en scène est d’abord surprenant, et même plutôt dérangeant aux premiers abords. Alors que se dresse sur le devant de la scène un voilage, le public peut voir que derrière lui se dessine un intérieur de maison close ; sol en moquette et divan en velours. L’ensemble est assez chic, et ce qu’il représente devient encore plus clair lorsque l’on remarque sur le canapé des corps qui s’entremêlent et entament une chorégraphie subjective. Cependant, après un certain temps d’acclimatation, on comprend qu’au final celle-ci est plus macabre que sensuelle, puisque ceux-ci s’exécutent lascivement, il n’y a pas de chaleur, pas d’étreinte.

(c) Philippe Chancel

La lumière est avant tout mise sur Marguerite, qui devient dans cette adaptation une femme forte, mais pleine de douleur, parfaitement incarnée par la superbe Marie-Sophie Ferdane. Pleine d’amour pour Armand, celui-ci est pourtant incompatible avec sa vie mondaine et son besoin permanent d’opulence. Etonnant, les deux acteurs ne se feront presque jamais face à face durant la pièce ; ils parlent toujours côte à côte, dos à dos ou l’un derrière l’autre ; synonyme de leur destinée à vivre dans l’éternelle solitude.

A tout cela s’ajoute l’utilisation d’une voix-off pour intégrer un narrateur, où la narration constitue un récit dans le récit, puisque Armand Duval raconte son aventure au narrateur initial. Une autre dimension est encore ajoutée par la projection d’images sur un écran, montrant des décors et les comédiens mis en scène.

(c) Philippe Chancel

L’ensemble est au final harmonieux et chaque choix prend son sens au fur et à mesure, le tout dans un tempo lent qui ne reste pas sans évoquer la mort si proche de notre protagoniste, mais qu’elle tente tant bien que mal d’ignorer.

Une seconde représentation aurait du avoir lieu ce soir, mais est annulée en raison des événements

« Chers amis des Théâtres de la Ville,

Vu l’actualité, nous tenons à vous informer que la représentation «La Dame aux camélias» de ce soir à 20h00 au Grand Théâtre est annulée. »

Pour voir d’autres spectacles étonnants, n’hésitez pas à consulter le programme des Théâtres de la Ville de Luxembourg.

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