« La nuit juste avant les forêts”, rencontre avec Sophie Langevin

« Jusqu´à ce que tout finisse »

Dimanche, 23 novembre, 18h00 au « Théâtre Trèves ». C’est l’heure de « La nuit juste avant les forêts”, un monologue dramatique écrit par Bernard Marie Koltès en 1977.
La scène est toute noire. On peine à distinguer l’acteur au fond de la scène. Soudain, voilà qu’il commence à parler ou plutôt à éructer des phrases hachées. La densité du texte et la solitude absolue du comédien prend alors possession du public.
Il nous fait face et parle à un inconnu dans la rue. Il essaie de l’atteindre.
Il « cherche quelque chose qui soit comme de l’herbe dans ce fouillis ». Il tente de trouver de l’amour dans ce monde indifférent, ce qu’il n´avoue qu’à la fin de la pièce, en criant, « Je t’aime camarade, je t’aime ».
Ces phrases bouleversantes qui marquent les esprits ont convaincues Sophie Langevin, la metteuse en scène, d’adapter l’œuvre au Théâtre pour la transmettre au public.

Après la représentation, l’équipe de grrrrr a rencontré Sophie Langevin qui s’est confiée plus en détails sur son travail.

Grrrrr : « Pourquoi avez-vous décidé de mettre en scène « La nuit juste avant les forêts » ? »
Sophie Langevin : « J’ai toujours apprécié l’auteur, Bernard Marie Koltès et puis la complexité de la pièce et la force de la langue me passionnent. »

Grrrrr :« On a lu que vous vous étiez également occupée du décor. Pour quelles raisons avez-vous choisi cet arrière-plan tout noir ? »
Sophie Langevin : « Je voulais montrer qu’il s’agit d’un homme qui se retrouve tout seul dans un coin noir, foncé dans la rue. En augmentant la lumière, je voulais montrer qu’il se brûlait. »

Grrrrr : « Est-ce que c’est étrange de présenter une pièce en français devant un public germanophone ? »
Sophie Langevin : « Ce n’était pas à moi de trancher la question du lieu de représentation, le “TotalThéâtre” l’a décidé. J´avoue que cela peut causer des difficultés aux spectateurs non-francophones qui sont obligés de suivre les sur-titres au lieu de pouvoir se concentrer sur le mime et le geste. »

Grrrrr : « Comme la première de la pièce a eu lieu en 1977 lors du festival d’Avignon : Est-ce que le thème de la pièce est d’après-vous toujours valable pour la situation sociétale d’aujourd’hui ? »
Sophie Langevin : « Tout à fait. Malheureusement, je dois même dire, plus que jamais. Il y a tant de gens qui sont laissés de côté et auxquels personne ne s’intéresse. »

Grrrrr : « Dans ce contexte-ci : Quel est pour vous le message principal de ce monologue dramatique secouant ? »
Sophie Langevin : « C’est un appel insistant à chacun de ne pas oublier ces personnes en marge de la société, de ne pas détourner le regard, d´agir et de s´engager ! »

Grrrrr : « Alors, finalement êtes-vous satisfaite ? »
Sophie Langevin : « Oui, maintenant, je suis très contente d’avoir réalisé ce projet. »

Grrrrr : « Est-ce que vous pourriez imaginer de mettre en scène encore une autre pièce de Koltès? »
Sophie Langevin : « Un jour définitivement ! »

Grrrrr : « Merci beaucoup pour votre temps et d’avoir accepté nous répondre. »
Sophie Langevin : « Merci et de rien ! »

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