LE TRIOMPHE DE L’AMOUR, de Marivaux

Par Hector A. et Alexia Merel le 21.03.2019

A chaud, point de vue croisé sur le Triomphe de l’amour de Marivaux, au Grand Théâtre.

Alexandre :

Cela faisait une éternité que je n’avais plus lu de Marivaux et je ne m’étais encore jamais rendu au Grand Théâtre de Luxembourg. Cette soirée au théâtre aurait donc dû m’enthousiasmer. Mais la journée était éreintante et j’avais l’esprit encore pris par les chiffres et les slides; et un verre de chardonnay pris à la sauvette avant le début de la pièce n’avait pas beaucoup arrangé les choses.  Je n’étais clairement pas dans les meilleures dispositions pour tenir une représentation de 2h20…sans entracte.

Tout d’abord, premier constat, aucune pièce de théâtre, quel que soit le génie de l’auteur ou de la troupe, ne vaut qu’on soit mal assis pendant 2h20. Une réflexion sur la qualité de l’assise au Grand Théâtre serait des plus bénéfiques pour le physique des spectateurs.

Alexia :

Pour ma part, Marivaux, fait partie des classiques qu’il faut avoir lu ou vu. Ce soir c’est l’occasion de combler une lacune !

Au programme : usurpation d’identité, corruption, trahison, révolte, et bien sûr …. L’AMOUR ! Ca va vite, c’est plein de rebondissements, c’est drôle, vraiment… J’ai à peine senti passer les 2h20 de la pièce et je n’ai rien à dire sur les sièges.

Alexandre :

La représentation du Triomphe de l’amour est assez troublante. Les personnages ne cessent de désirer s’aimer, de faire semblant de s’aimer, de se tourner autour, de construire des stratagèmes complexes pour s’aimer, de faire désirer, de changer d’avis… C’est d’autant plus troublant que la pièce est à la fois drôle et touchante. Marivaux se moque-t-il de tous ces « jeux de l’amour » ?  Rend-il hommage aux élans d’amours sincères qui rejaillissent parmi tous les simulacres et les faux-semblants ? … Je suis resté dans le doute pendant toute la pièce. A plusieurs reprises au cours de la pièce j’ai tout de même eu envie de me lever pour recommander aux acteurs de cesser de parler d’amour et se mettre à la pratique (et de me donner un siège plus confortable).

Alexia :

De mon côté, j’ai un problème avec l’histoire. Déjà, je passe le fait que la jeune fille tombe follement amoureuse du jeune homme sur un seul regard. Marivaux, c’est le 18ème siècle, les concepts féministes n’étaient pas encore passés par là. Non, mon vrai problème, c’est la morale de l’histoire. Est-ce que la conquête de l’amour justifie tout ? Sous prétexte que l’amour est le plus noble des sentiments, tout est permis ? Parce que son dessein est plus grand que tout autre, l’héroïne joue tranquillement avec les sentiments de deux des personnages pour gagner le cœur du troisième. Elle ne recule devant rien, aucun stratagème, ni la corruption, ni le mensonge et va jusqu’à leur faire renoncer à leur principe, à leur réputation, à tout ce qui leur est cher, elle les laisse s’humilier, tout ça pour satisfaire l’amour ? Je trouve ça assez cynique.

Pour vous faire votre propre avis (et tester vous-même les sièges), la représentation du Triomphe de l’amour de Marivaux sera encore au Grand Théâtre à 20h, ce soir, vendredi 22/03.

NB : parce que c’est important, on aimerait insister sur ce point : c’est drôle !