« Mi Frida » au Théâtre des Capucins, Luxembourg

« NON je ne peins pas des rêves, je peins ma réalité »

« Après la 2ème scène si personne n’est sorti, ils resteront jusqu’à la fin » : voici une phrase qui montre bien l’ambiance détendue et joyeuse dans laquelle s’est déroulée l’interview de Sascha Ley, créatrice du spectacle « Mi Frida » et de Sylvia Camarda, chorégraphe. Après avoir vu une répétition au théâtre des Capucins (Luxembourg), elles m’ont accordé du temps en me parlant de ce spectacle intéressant, vivant, touchant mais aussi intriguant sur la vie de Frida Kahlo.
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Grrrrr: Pourquoi ce choix du personnage de Frida Kahlo, y a-t’il des raisons personnelles?
Sascha: oui c’est une question personnelle. Son art m’a toujours beaucoup plu, je la connais depuis que je suis adolescente et j’ai vu ses images. En apprenant son histoire personnelle j’ai été très intriguée par sa souffrance, son amour pour son mari (qui l’a pourtant toujours trahie) comme elle en fait, je le sais maintenant. […] Frida Kahlo a une si belle histoire que je me suis dit qu’il serait intéressant de monter une pièce avec des danseurs car de par leurs mouvements, ils souffrent en dansant. Elle a aussi souffert, mais a trouvé sa façon de survivre : au travers de son art. Le thème de création de la souffrance, l’envie de créer vient souvent des artistes qui ont vécu une situation difficile. Ils ont ainsi une réelle envie de surmonter un obstacle, de résoudre des émotions.
Il y a 1 an ½ je me suis dit : c’est le moment, j’ai recentré mes idées et ai décidé de faire cette création avec une seule personne, en l’occurrence avec Sylvia.

Grrrrr: Justement vous connaissez-vous?
Sascha: On a collaboré une fois il y a 9 ans, c’était alors ma 1ère mise en scène. Mais on se croise aussi souvent!

Grrrrr: Vous semblez très proches, à tel point que parfois j’ai eu l’impression de ne voir presque qu’un seul personnage sur scène, Frida. La collaboration s’est-elle bien passée?
Sylvia: On est deux vierges, on s’entend bien !
Sascha: Sylvia a une forte personnalité, on sait ce qu’on veut et on a notre propre façon de travailler.
Sylvia: On veut servir le projet !
Sascha: Et … on rigole beaucoup 🙂

Grrrrr: Le spectacle sera dévoilé le 6 mai 2014. Comment pensez-vous qu’il sera accueilli? En tant que spectatrice j’étais parfois mal à l’aise, qu’attendez-vous de la réception du public?
Sylvia: Après la 2ème scène si personne n’est sorti, ils resteront jusqu’à la fin!
Sascha: Les scènes des accouchements sont cruelles mais on ne voulait pas non plus faire de ce spectacle une tragédie. Frida Kahlo voulait vivre, en faisant des blagues. Elle jurait souvent en espagnol, les mots utilisés dans une des scènes sont tirés de lettres qu’elle a écrites… Ainsi elle pouvait être extrêmement vulgaire tout en écrivant des poèmes sublimes d’un autre côté. C’était également une femme très libérée pour son époque : elle portait des vêtements d’hommes, fumait et se comportait comme un homme, et se permettait toutes les libertés. Elle avait aussi beaucoup d’humour. Elle reste mystérieuse. Je peux seulement donner une interprétation, on est fascinées. Mais Frida pour moi, ce n’est pas que le mythe, c’est aussi de la cruauté, sexualité et de la sensualité. Elle était avec Diego mais collectionnait une liste d’amants impressionnante… En fait elle a été le miroir de Diego. Nous avons voulu ainsi faire deux types de duos : Frida / Frida et Frida / Diego.

Grrrrr: D’où proviennent les différents extraits, servent-ils d’interludes dans le spectacle ?
Sascha: Les extraits en allemands sont des citations de Frida Kahlo. Les extraits espagnols sont des poèmes trouvés dans le journal intime de Frida Kahlo.
Les interviews viennent de la préparation du spectacle : c’est un moyen pour disséminer sans lourdeur des informations sur la vie de Frida Kahlo et sans imposer de didactique. Ainsi les thèmes de son accident, de Diego, des fausses couches, de la souffrance et de la fête sont traités. Je ne voulais pas trop de « blabla » sur scène car ce n’est pas une pièce de théâtre.
Au niveau de la mise en scène, les transitions se font sans rythme précis. Et les interviews ne sont restituées que par l’écoute. La vidéo derrière utilise la technique de l’opéra folie (les lumières sont projetées par derrière pour créer une ombre sur les personnages présents sur scène).
Frida Kahlo était autodidacte. Les français l’ont décrite comme étant une artiste surréaliste. Ce à quoi elle répondit : « NON je ne peins pas des rêves, je peins ma réalité». Sylvia et moi on essaie de trouver une traduction de cette réalité de Frida Kahlo. Ses peintures dévoilent beaucoup le subconscient, en fait, c’est RAUCH !
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La réalité de Frida Kahlo est dépeinte par Sascha Ley et Sylvia Camarda à travers leurs arts : le chant, la danse, les sons, le jeu, pour montrer ses souffrances, ses amours, son accident qui ont fait partie de sa vie. Le mélange des arts et des rythmes crée un ensemble magique pour un spectacle à la fois dur et drôle. Connaisseurs ou curieux, je vous recommande de découvrir ce spectacle et de venir partager cette réalité !

Infos pratiques:

Mardi 6 MAI 2014 à 20h00
Lundi 12 MAI 2014 à 20h00
Adultes 20€, 15€, 8€ / Jeunes 8€
Théâtre des Capucins

 

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