MYOUSIC

de Dimitri de Perrot avec Julian Sartorius

Imaginez, vous allez à un concert et vous entendez et voyez rien – bien que la représentation ait déjà commencé. Imaginez que ce concert n’est d’abord qu’un fond sonore, qui joue avec le rien, qui célèbre le petit moment de pause avant l’ouverture, qui savoure la tension avant l’explosion. Et qui joue avec vous, avec vos exigences et vos réactions. Vous êtes un composant élémentaire de la soirée. Vous agissez en faiseur de son, en instrument, en caisse de résonance. Vous êtes interprète et auditeur. Et tout à coup vous remarquerez que votre siège frémit, que vous entrez en pulsion et commencez à vibrer avec tout ce qui vous entoure. Source  

Le descriptif laisse rêveur. En effet du silence, on en aura au cours de la soirée, et peut-être même un peu trop.

Le silence, le noir, les bruits, les sons, tout ce qui nous entoure est prétexte à une mise en scène artistique.

Des sons enregistrés sont diffusés de manière aléatoire au plus près du public, via des enceintes en forme de lampadaires lumineux disposées au milieu des gradins. On se demande un instant : sont-ce nos voix enregistrées, des réactions du public?

Le public, en effet, est acteur, il réagit même beaucoup : les enfants, spontanés, ont tout compris : accepter de ne rien comprendre. Quant aux adultes, s’ils cherchent un sens à la pièce, autre que le ressenti primaire de la musique, des bruits, simples ou complexes, ils repartiront bredouille.

À noter, une belle prestation de batterie par Julian Sartorius. suisse talentueux de 35 ans explorant les possibilités infinies et la gamme de son instrument. Il réussit à nous mettre en transe petit à petit sur un final rythmé.

On peut aussi souligner une mise en lumière intelligente et ingénieuse de l’espace, la scène et le public compris et des idées scéniques intéressantes.

Sans vouloir crier au génie, on soulignera la volonté courageuse de Dimitri de Perrot (artiste sonore, metteur en scène et scénographe suisse) de tenter de réveiller l’âme d’enfant qui sommeille en chacun des spectateurs.

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