Palmarès de la 27ème édition du Festival international du film fantastique de Gérardmer

Par Erwin S.

Pour la 27e édition du Festival international du film fantastique de Gérardmer, nos reporters ont eu la chance de voir en un jour 40% de la sélection officielle, soit quatre films sur 10.

Accueillis par une désagréable conséquence du réchauffement climatique (la neige a, pour la toute première fois de mémoire d’autochtone, cédé la place à une pluie constante, insidieuse et franchement désagréable qui a transformé les festivaliers en éponges tremblotantes), Marc et Erwin ont débuté la journée de bon matin avec la projection de Vivarium, de Lorcan Finnegan.

Le résumé officiel : « À la recherche de leur première maison, un jeune couple effectue une visite en compagnie d’un mystérieux agent immobilier et se retrouve pris au piège dans un étrange lotissement ».

Notre avis : Dans un décor qui évoque un dessin de Mordillo repeint par Magritte, les protagonistes se battent contre une réalité terrifiante et insensée dans l’espoir de retrouver leur vie paisible et normale. L’idée est intéressante et donne envie d’en savoir plus, mais malheureusement, la Quatrième Dimension est passée par là dans les années 60 avec beaucoup plus de succès, réussissant à semer le mystère et à résoudre l’énigme en 25 petites minutes. On est en droit d’estimer que le film de Finnegan étire une histoire similaire sans véritable matériau et ajoute une heure de métrage pas vraiment indispensable.

Deuxième séance (après avoir fait un tour aux stands des jouets monstrueux et autres DVD introuvables) : The Room, de Christian Volckman.
Attention, c’est une coproduction française, belge et luxembourgeoise, donc nos petits cœurs d’habitants de la Grrrrrande Région sont autorisés à se réjouir : oui, c’est une sympathique réussite !

Le résumé officiel : « Kate et Matt, la trentaine, sont en quête d’authenticité. Le jeune couple décide de quitter la ville et achète une grande maison à rénover dans un coin reculé du Maryland. Peu après leur déménagement, ils découvrent une chambre étrange capable d’exaucer tous leurs désirs. Leur nouvelle vie devient un véritable conte de fée. Pourtant derrière cet Eden apparent, une ombre guette : la Chambre va dévoiler leur désir enfoui et leur octroyer ce qu’ils attendent depuis toujours et que la nature leur refusait. Mais bientôt leur rêve se transforme en cauchemar… »

Notre avis : Le hasard faisant ainsi les choses, il y a énormément de points commun entre ce film et Vivarium, notre séance précédente. Nous ne les déflorerons pas entièrement ici, disons simplement qu’il s’agit une fois encore d’un couple, qui lui aussi cherche à se loger et qui sera également confronté à l’inexplicable ainsi qu’à un enfant, disons, surnaturel et un tantinet voyeur.

La fameuse pièce magique, centre névralgique du film au propre comme au figuré, a tout pour faire saliver le chaland. Rendons-nous compte : il suffit de souhaiter une chose matérielle alors que l’on se trouve dans cette pièce pour que la chose se matérialise aussitôt sous nos yeux. Une lampe d’Aladin avec des grésillements, quoi.

Il va sans dire que nos deux personnages vont en profiter pour faire les foufous (sans réellement déborder d’ambition : pourquoi diable n’ont-ils pas commandé un dinosaure apprivoisé ? Et puis tant qu’à faire, pourquoi pas des films et des livres absolument parfaits et adaptés à leurs goûts ? Petits joueurs…).
Or, on s’en doute, il y a un hic, un élément contrariant qui vient ruiner le plaisir de cette mécanique possiblement paradisiaque, car sinon, ça ne serait pas un film d’épouvante, n’est-ce pas ? A peine un fantasme mis en images.

Mais vous n’en saurez pas plus, parce qu’un mystère dévoilé, c’est comme une bière éventée : Ce n’est plus très intéressant.

Direction le Japon pour notre troisième film. Howling Village, de Takashi Shimizu.

Le résumé officiel : « Le village d’Inunaki, au Japon, est surnommé « le Village Hurlant ». Une psychiatre de la région, Kanade Morita, possède un sixième sens, qui la tourmente depuis l’enfance. Un jour, son frère Yuma et sa petite amie décident de jouer à se faire peur, lors d’une expédition nocturne dans le village. Sans le savoir, ils vont réveiller la terrible malédiction qui frappe le village… »

Notre avis : Sur le papier, Howling Village était prometteur. Après tout, l’Empire du Soleil Levant est très fort quand il s’agit de cinéma de genre, et Takashi Shimizu avait fait le flippant Ju-on (The Grudge), ainsi que son propre remake américain, sa suite et plein d’autres petits grudges.

D’où une grosse déception devant cette chose ampoulée et incompréhensible frôlant régulièrement le ridicule. C’est un peu comme si le réalisateur essayait de renouveler son genre tout en gardant les ficelles qui un temps fonctionnèrent, pour n’arriver qu’à une mauvaise parodie de lui-même.

Cependant, le jury n’étant pas du tout de notre avis, il lui a décerné son prix de lui-même, pour des raisons qui nous échappent mais qui sont sans doute très légitimes.

Pour finir, nous nous sommes offerts la séance de 22h avec projection du Grand Prix, car nous ne voulions pas mourir idiots.

C’est la surdouée Rose Glass qui a eu cet honneur, avec un film récompensé à quatre reprises (voir le palmarès complet en fin d’article) : Saint Maud.

Le résumé officiel : « Maud, infirmière à domicile, s’installe chez Amanda, une célèbre danseuse fragilisée par la maladie qui la maintient cloîtrée dans son immense maison. Amanda est d’abord intriguée par cette étrange jeune femme très croyante, qui la distrait. Maud, elle, est fascinée par sa patiente. Mais les apparences sont trompeuses. Maud, tourmentée par un terrible secret et par les messages qu’elle pense recevoir directement de Dieu, se persuade qu’elle doit accomplir une mission : sauver l’âme d’Amanda. »

Notre avis : Rose et Glass sont des mots qui vont très bien ensemble, comme diraient les Forbans (ou étaient-ce les Gipsy Kings ?). Un verre à rose, une rose en verre, quelque chose de cassant mais doux comme du velours, quelque chose de transparent et qui sent bon. C’est un très bel avenir qui s’ouvre devant cette toute jeune cinéaste grâce à ce premier film extrêmement maîtrisé dans sa mise en scène et qui a suscité l’unanimité du jury, comme l’a souligné avec enthousiasme la présidente Asia Argento.

Sans trop en révéler sur ce bel objet, disons simplement que le spectateur se demande en permanence s’il est en train d’assister à un fantasme ou à la réalité : Trip hallucinogène à tendance paranoïaque ? Simple compte-rendu des événements ?

Un peu comme cet article, finalement.

Le palmarès :

Le Jury des longs métrages, présidé par Asia Argento et composé de Flavien Berger, Arielle Dombasle, Jean-Benoît Dunckel, Christophe Gans, Jean-François Rauger, Niels Schneider et Alice Winocour, a remis les prix suivants :

GRAND PRIX

SAINT MAUD de Rose Glass (UK)

PRIX DU JURY

HOWLING VILLAGE de Takashi Shimizu (Japon)

MEILLEURE MUSIQUE ORIGINALE

Adam Janota Bzowski pour SAINT MAUD de Rose Glass (UK)

PRIX DE LA CRITIQUE

SAINT MAUD de Rose Glass (UK)

PRIX DU PUBLIC

1BR: THE APARTMENT de David Marmor (USA)

PRIX DU JURY JEUNES de la Région Grand Est

SAINT MAUD de Rose Glass (UK)

Le Jury des courts métrages présidé par Benoît Forgeard et composé de Lucie Boujenah, Thomas Cailley, Louis-do de Lencquesaing et Coralie Fargeat a remis le :

GRAND PRIX DU COURT MÉTRAGE

DIBBUK de Dayan D. Oualid (France)