Philharmonie: mélange des genres

Adriana Calcanhotto (Musica popular brasileira) + OPL dirigé par Gast Waltzing + Mísia (chanteuse portugaise de fado) = beaucoup de genres...

La Philharmonie de Luxembourg nous a proposé hier soir une programmation atypique: accompagnée de l’Orchestre Philharmonique du Luxembourg (OPL) sous la direction de Gast Waltzing, Adriana Calcanhotto, une personnalité de la Musica popular brasileira nous a proposé son répertoire et a invité la chanteuse portugaise de fado Mísia à la rejoindre sur scène pour quelques chansons. Un mélange des genres parfois réussi, mais surtout trop riche.

Originellement dédiée à Gilberto Gil (qui a annulé son projet avec orchestre), la première collaboration de la Philharmonie avec un(e) artiste brésilien(ne) était très attendue, et le public hier soir était au rendez-vous. Des fans manifestes d’Adriana, aux adeptes plus « classiques » du lieu, tous étaient réunis pour découvrir ce nouveau registre.

Le concept: l’artiste à la guitare est accompagnée par l’OPL. Un pari osé dans la programmation, un bilan mitigé.

Adriana Calcanhotto gagne à être découverte (voir paragraphe biographique en fin d’article). Ses mélodies originales sont captivantes. Mais ce n’est pas une chanteuse à voix, au contraire, c’est une chanteuse à texte. On la verrait plus à l’aise dans une ambiance intimiste en contact direct avec son public. L’orchestre, excellent, l’accompagne gracieusement lors de passages doux avec les violons. Dès qu’il décolle, notamment avec les cuivres, la beauté pure de la musique classique noie la voix et l’univers de la chanteuse. Même constat pour l’invitée Mísia, qui a fait une courte apparition. Sa voix est au contraire puissante, se suffisant à elle-même, et donc sublimée à cappella ou simplement accompagnée de la guitare d’Adriana. L’OPL et le fado, ce sont ici deux univers trop riches qui ne font pas bon ménage.

Chaque composition est excellente pourtant: Adriana, Mísia, l’OPL dirigé par Gast Walzing. C’en est d’autant plus frustrant lorsque tout est réuni car on ne sait plus qui écouter…

Et puis, il y a le format: des chansons très courtes à la Philharmonie, c’est très déroutant. Le spectacle qui en découle est très court, à peine une heure et vingt minutes de rappel de la part d’une artiste talentueuse mais quelque peu absente: la fin du concert arrivée, on est tout de même quelque peu dérouté.

Reste que l’idée est bonne: faire venir un public plus diversifié, c’est novateur et rafraîchissant. Mais sur cette idée, l’énergie contagieuse d’une Melody Gardot (le 09 avril dernier à la Philharmonie) était bien plus efficace.

On suivra de près la nouvelle programmation, avec la saison 2016/2017 qui vient d’être publiée en ligne.

« Adriana Calcanhotto s’est d’abord produite dans les bars de Porto Alegre jusqu’à ce qu’une telenovela fasse de son premier disque un succès mondial en 1990. Ont alors suivi plus d’une dizaine d’enregistrements parmi lesquels un album pour enfants auréolé d’un Grammy, sous le pseudonyme d’Adriana Partimpim. En 2011, la même année que Gilberto Gil, elle a reçu un Latin Grammy pour sa chanson «Tua», que l’on a pu entendre à la Philharmonie. Cette soirée accueille également une autre star, du Portugal cette fois: la chanteuse de fado Mísia, qui fait son retour à la Philharmonie après y avoir chanté lors de l’inauguration. » Philharmonie

Adriana Calcanhotto © Leo Aversa
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