Plan à trois au théâtre d’Esch

par SoMuch Noise le 09.03.2020

L’association est prometteuse : la musique de Gainsbourg, la voix de Bashung et la chorégraphie de Gallotta. Ce triolisme artistique nous permet de (re)découvrir une œuvre différemment.

Dans ce spectacle chorégraphique créé en 2009 à partir de l’album culte L’homme à tête de chou de Serge Gainsbourg, Alain Bashung devait y interpréter les chansons sur scène, au milieu des danseurs. Rattrapé par le cancer la même année, c’est une chaise de bureau qui évoque le vide laissé par le chanteur et sa voix enregistrée sur une bande son pendant les répétitions qui accompagne les douze danseurs.

L’Homme à tête de chou pourrait être un banal fait divers, l’histoire d’amour entre un journaliste d’une « feuille de chou à scandale » et une shampooineuse nommée Marylou, nymphomane et infidèle. Un soir qu’il lui rend visite à l’improviste, il la trouve avec deux autres hommes « elle était entre deux macaques, du genre festival à Woodstock, et semblait une guitare rock à deux jacks, l’un à son trou d’obus, l’autre à son trou de balle ».

Sur un plateau nu, les douze danseurs, peu gênés par leur costume, livrent une chorégraphie énergique et puissante.

L’alternance des duos et des grands ensembles à l’unisson crée un ballet contemporain tourbillonnant. Les douze tableaux sonnent comme les douze coups de minuit, nous assistons à la descente aux enfers du couple qui se joue sous nos yeux et conduit au drame passionnel : le meurtre à l’extincteur.

Pour Gainsbourg, obsédé textuel, la provoc était un art de vivre. L’Homme à tête de chou est tour à tour provoquant, violent, passionné et délirant. Les douairières se réjouissent du spectacle et ne regrettent pas leur soirée au Escher Theater qui a définitivement une programmation originale d’une grande qualité.