Quand Rolando Villazón raconte les voyages de Mozart

Par Nicolas Margot le 30.10.2019

Soir d’automne, le Soleil se couche sur la ville, enflammant les façades des immeubles de verre et d’acier du Kirchberg, une foule se forme à l’entrée de la Philharmonie. Chacun est impatient de découvrir cette nouvelle série de concerts qu’inaugure l’un des plus grands ténors de notre époque, Rolando Villazón. Si le chanteur lyrique mexicain est d’ores et déjà célébré partout dans le monde pour son organe exceptionnel, nul ne le connaît encore dans l’exercice didactique de ce soir.

Avant son entrée en scène, Stephan Gehmacher, directeur de la Philharmonie prévient le public : cet homme rieur aux boucles noires est malade, et s’il a, malgré tout, tenu à assurer ce premier concert, il est probable que sa voix soit légèrement voilée. A son entrée en scène, nulle trace de fatigue : c’est avec un propos énergique, concis et amusant que l’artiste nous présente son maître absolu, Wolfgang Amadeus Mozart, enfant prodige puis compositeur génial qui s’éteindra en 1791 en composant le Requiem.

Or, si nous connaissons bien ce génie de la musique, tant à travers ses œuvres les plus célèbres (Le Requiem, les Noces de Figaro, Don Giovanni, la Flûte Enchantée, la Symphonie n°40, etc.), les innombrables livres qui lui ont été consacrés ou encore grâce au film de Miloš Forman, nous ignorons toujours ce qui fît l’essence de sa vie, comme si le génie devait toujours échapper aux tentatives de la raison pour en saisir les dynamiques et les contours.

C’est par une porte dérobée que Villazón nous invite à entrer dans cette vie: celle des voyages. En effet, Mozart passa un tiers de sa courte vie à sillonner les routes d’Europe, de Londres à Rome, de Munich à Salzbourg en passant par Prague, qui l’aima tant. Nous refaisons ce soir un peu de ce très long chemin parcouru à travers la campagne, les forêts et les montagnes. D’étapes en étapes, nous rencontrons les génies de l’époque, Haydn, Boccherini, Johann Christian Bach (l’un des talentueux fils de Jean-Sébastien) et retrouvons l’esprit libre et farceur du génie qui ne se laissa dompter par aucun maître, composa sans relâche, laissant seulement la partition du Requiem inachevée à l’heure où il quitta ce monde.

La soirée est l’occasion pour notre hôte de nous présenter deux jeunes talents qui l’ont séduit : Maximilian Kromer, jeune pianiste virtuose, qui du haut de ses vingt-trois ans et, quoi qu’extrêmement tendu sur scène, nous montre son talent. Plus tard vient Regula Mühlemann, soprano époustouflante, d’origine suisse, qui dès la première minute nous laisse sans voix, nous émerveille et nous fait découvrir la douceur et la force de sa voix quasi divine et dont la pureté cristalline efface tout le reste. Subitement, on ne parvient plus à voir la scène, les musiciens de l’orchestre, ni même le corps qui accueille cette âme, seule reste la beauté, inexprimable, accompagnée par les caresses des violons et parfois par la voix également forte de Villazón.

 Sa voix est un enchantement tel qu’il ne reste dans nos esprits plus aucune place pour percevoir autre chose que ces mélodies d’un aigu inaltérable et d’une douceur inimaginable. La fascination opère et l’on perçoit tout le respect de notre hôte pour cette jeune femme et son talent.

Le concert s’achève, les applaudissements sont nourris, le public se lève pour saluer cette première très réussie. Chacun repart conquis avec des mélodies magnifiques en tête et de beaux souvenirs.

Pour assister à l’un des prochains épisodes de cette série, réservez vite vos billets et offrez-vous une soirée exceptionnelle à partir de 15 euros. Pour les curieux, sachez également que Regula Mühlemann sera de retour pour Rolando Villazón «Mozart et les femmes» le 10 juin 2020 à la Philharmonie.

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