Sir Andràs Schiff – Le chevalier du piano

Par Mélanie Luxembourger le 23.05.2019

Pendant que certains regardaient le dernier épisode de Game of Thrones, nous on est allé voir un VRAI chevalier, en chair et en os, et qui en plus joue du piano.

Sir Andràs Schiff, c’est 40 ans d’expérience sur la scène. Et son talent est reconnu, au travers de ses nombreux prix, au point d’être fait chevalier par la reine Elizabeth II pour ses services rendus à la musique en juin 2014. Après 10 ans d’absence au Luxembourg, il est revenu pour un récital de piano sur le thème de l’adieu. Le pianiste hongrois nous fait voyager à travers la musique germanique au travers de pièces brèves et poignantes, pour la plupart écrites à la fin de la vie des compositeurs.

Pour le premier arrêt de ce voyage, l’interprète nous emmène à Düsseldorf, où Robert Schumann a composé les « Variations des esprits ». Le thème sonne calme et apaisé, ce qui est surprenant en connaissant les conditions de son écriture. Ces variations sont les derniers morceaux écrits par Schumann, juste avant qu’il ne sombre dans la folie. 

Par la suite, le pianiste a choisi d’interpréter les 3 recueils de Johannes Brahms, en commençant par le premier opus « Drei Intermezzi op. 117 ». Le compositeur a composé ces recueils à la fin de sa vie, et les désignait comme les « trois berceuses de mes souffrances ».  Nous avons ensuite pu entendre « Secbs Klavierstücke op. 118 » puis « Klavierstücke op. 119 », recueil qui réunit les dernières compositions de Brahms.

Nous partons ensuite à Vienne, avec Wolfgang A. Mozart et le « Rondo en la mineur KV 511 ». Contrairement aux choix d’avant, il n’a pas été écrit à la fin de sa vie, mais après l’adieu fait à un ami proche décédé à l’âge de 31 ans.

Nous retrouvons Johann Sebastien Bach après l’entracte, avec « Prélude et fugue en si bémol mineur BWV 869 ».  Pièces interprétées dans un mouvement lent car indiqué Andante, cette œuvre clôture un recueil fort en émotions, avec une fugue qui évolue lentement pour transmettre l’expression d’un long chemin semé de douleur.

Le pianiste termine avec la poignante « Sonate N°26 en mi bémol majeur » de Ludwig van Beethoven. La pièce redonne une définition plus générale aux « Adieux », plus seulement à la séparation par la mort mais aussi à la nostalgie, la séparation, l’attente…

Choix assez surprenant, Sir Andras Schiff a exécuté ces œuvres sans interruption entre les différents compositeurs, ce qui donne un aspect circulaire au récital et nous permet de prendre part à deux voyages musicaux d’une heure chacun, durant lesquels le public a pu naviguer d’un style à l’autre sans jamais perdre le fil de l’écoute tant le spectacle était prenant.

(c) Philharmonie Luxembourg / Eric Devillet

La prochaine occasion de le voir sera les 14 et 15 juin à la Konzerthaus (Großer Saal, Konzerthausorchester) à Berlin.

Et sinon, encore plein d’occasions de découvrir d’autres talents à la Philharmonie avec la poursuite de la saison 2018-2019.