The Two Faces Of January

Un rendez-vous manqué

Ce thriller américain est comme un rendez-vous manqué avec l’être aimé. Tout était prévu pour bien se passer mais la magie n’opère pas.

Le teint diaphane et le regard arctique de Kirsten Dunst (Marie Antoinette, Virgin Suicides), le visage en palimpseste de Vigo Mortensen (A history of Violence, les promesses de l’ombre) et le torse musclé et le regard enjôleur d’Oscar Isaac (Drive, Che) avaient de quoi combler tout le monde.

Les décors étaient bien choisis, riches en symbolique : Le Parthénon, Heraklion, le grand Bazar d’Istanbul, le cimetière de la mosquée d’Eyup Sultan. Mais on ne voit rien. Étroitesse des prises de vue. On baigne dans un univers d’intelligence et de sacré millénaire. Mais la flamme dans nos cœurs vacille. Tout est là mais la magie n’opère pas.

L’amour au cinéma comme au lit, ça ne se décrète pas. Le charme opère ou la technique prend le pas.

Ce soir là, au final de Discovery zone, après vu le trailer d’un film iranien dont les acteurs anonymes exhibent leurs visages sur un écran immense pour affirmer leur foi en la liberté d’expression, on attendait du lourd, une toile de maître, une expérience de vie, sortir de là en se disant qu’on n’oublierait jamais.

Mais après avoir égrené les lauréats d’un festival à la sélection visiblement ciselée, le retour à la dure réalité du cinéma quotidien nous gifle.

C’est le sandwich du Lundi midi au taf après un excellent dîner entre vieux amis le dimanche soir. Ni plus mauvais, ni meilleur que d’habitude mais froid et insipide par comparaison.

L’histoire de ‘Two Faces of January’ tient sur un post-it : un escroc américain (Vigo) en vacances en Grèce avec sa femme (Kirsten) rencontre un jeune guide brillant (Oscar).

L’escroc, rattrapé par ses victimes fortunées et peu embarrassées de principes, tue l’ancien Marine venu lui trouer le buffet s’il refusait de rembourser.

La suite est limpide : cavale à 3, flirt entre le guide et l’épouse éplorée, violence, coups tordus et happy end.

Le scénariste a qui on demandait de nous parler de lui a sorti son ID : nom, prénom, adresse, taille, sexe, couleurs des yeux. On connaît tout. De son apparence uniquement. On attendait son cœur, il nous a tendu sa peau. Film sans âme.

Nicolas Margot

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