« Juliet & Romeo » ou comment dépoussiérer un classique?

Leçon de Mats Ek avec la participation du Royal Swedish Ballet

23 mai 2014, Grand théâtre de Luxembourg, 20H20, me voici prise d’un doute : vais-je arriver à écrire un article? Les décors et les costumes sont modernes et minimalistes, l’histoire est sans paroles, les personnages sont froids et impersonnifiés, bref l’angoisse de la page blanche m’envahit peu à peu.

 

Etant de nature persévérante, je tente de rentrer dans l’histoire et l’univers de Mats Ek et des danseurs du Royal Swedish Ballet. Car après tout, même si je ne suis pas une experte de la littérature anglaise du XVIème siècle, je connais l’histoire de Roméo et Juliette. Déconcertée, je commence à trouver mes repères en identifiant Juliette, dans ses vêtements jaunes, toute gamine courant se réfugier dans les bras de sa nourrice. Pour Roméo, c’est plus dur il faut le dire, il y a beaucoup d’hommes sur scène, mais au bout d’une vingtaine de minutes, je l’ai trouvé. C’est bon, mes deux personnages principaux sont là. Pour le reste, il suffira de se laisser guider par les mouvements et les expressions corporelles, visuelles pour comprendre la suite de l’histoire.

C’est vrai que c’est simple: la mise en scène, les décors, au niveau des costumes (j’y reviendrai). Certains pourraient dire que c’est froid, la première impression tend à en déduire cela. Et pourtant… les danseurs du Royal Swedish Ballet passent par toutes les émotions sans utiliser les mots de Shakespeare, qui sont remplacés par la chorégraphie et les expressions. On passe de la colère à l’amour, de la peur à la rage.

 

Focus sur les costumes :

Comment retranscrire la richesse des vêtements de l’époque tout en permettant au corps la liberté qui lui est nécessaire en danse contemporaine? Via la simplicité des coupes, les tissus en velours élastiques qui épousent les formes des corps. Les petites filles rêvant de robes de princesse ont sans doute du être surprises…

Mais elles seront ravies aussi durant le spectacle. En effet les enfants, nombreux dans la salle ce soir-là ont osé les rires ; timides, ballet oblige (les consignes parentales devaient sans doute être strictes). Et de l’humour, il y en avait : le show était assuré par la nourrice de Juliette mais aussi et surtout par les deux fidèles compères de Roméo: Benvolio et Mercutio (grand tatoué filiforme chauve, tantôt en cuir tantôt seulement vêtu d’un tutu noir !).

 

Le deuxième acte est sombre ; les sentiments, forts sont exprimés à travers des gestes saccadés ou douloureux, mais toujours maîtrisés à la perfection. En fait on passe cette deuxième partie du spectacle totalement happé par le drame se déroulant devant nous, renforcé théâtralement par la musique de Tchaïkovski, qui nous transporte de par son intensité et son contraste avec les chorégraphies de danse contemporaine. Ce subtil mélange nous fait oublier le contraste classique (Roméo&Juliette, Tchaïkovski) / contemporain (danse, costumes) qui est pourtant présent, mais qui se révèle totalement harmonieux et source d’une énergie propre à cette création Juliet&Romeo. Alors à ceux qui me diront : « on connaît l’histoire par cœur » je les défis de ne pas sortir conquis par cette mise en scène de Mats Ek et interprétation du Royal Swedish Ballet.

 

Parenthèse (CHOREGRAPHIE):

Les mouvements de danse pensés par Mats Ek sont originaux et prouvent que le corps humain est un outil magique qui représente une source de création infinie. On ne sait que suivre tellement les figures et les mouvements des membres saisissent de par leur originalité.

Anne BEGUE

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