Siren’s call

Par SoMuch Noise le 10.07.2019

Samedi 29 juin, c’était le Siren’s Call et nous n’avons pas résisté bien longtemps avant de nous y rendre. Organisé par Den atelier et localisé à l’Abbaye de Neumünster, il faut reconnaitre que le site est exceptionnel. Il fait 34 degrés à l’ombre, c’est l’été, nous sommes en vigilance rouge, j’ai mis ma robe (f)estival(e) et de l’écran total. J’ai naïvement pensé que dans la ville basse, entourée par l’impressionnante falaise, les remparts et la verdure, la température serait à peine plus faible. Or en traversant l’Agora où sont installés les stands des artistes locaux, je me sens un peu telle une des abeilles que je faisais prisonnières sous un verre quand j’étais jeune et cruelle. Parmi les sacs en perles, les bijoux, photographies, peintures et t-shirts vegans, nous faisons furtivement la connaissance de Sascha Di Giambattista qui crée des T-shirts aux impressions javellisées dont le rendu est plutôt original.

Sur le parvis de l’Abbaye se trouve la Main Stage, on a beau être au Siren’s Call dans un décor moyenâgeux, il n’y a ni lyre ni flûte. Les roadies déchargent les caisses des camions sous le soleil et déroulent les câbles – une chance que les agents de la sécurité m’aient laissée rentrer armée, mon pistolet à eau n’a jamais été aussi utile qu’aujourd’hui – pendant ce temps, des yogis méditent sous une tente, les rives de l’Alzette sont bordées de pieds nus chatouillant des hérons médusés. Des méduses il y en a beaucoup sur le chemin qui mène au Melusina. C’est la Nuit des Lampions qui a réalisé l’installation pour qu’on retrouve facilement notre chemin la nuit. Chemin que nous connaissons maintenant très bien pour l’avoir emprunté huit fois. Sur la Siggy’s stage, nous assistons à la dernière chanson de C’est Karma, jeune chanteuse folk luxembourgeoise qui glane toujours un peu plus de fans sur son passage. Puis nous avons écouté la dernière chanson de The Holy, un jeune groupe d’Helsinki pour lequel nous sommes arrivés un peu trop tard. Ensuite, nous avons entendu la dernière chanson de Band of Horses. Ce n’est pas que nous sommes mal organisés, c’est juste que 5 scènes pour 5 heures de festival, c’est compliqué.

Le soleil est enfin passé de l’autre côté de la planète, Metronomy prend place avec The Look et Aquarius. Leur pop est sobre, le public aussi. La jolie Anna Prior entonne à son tour Everything goes my way derrière sa batterie, les musiciens font « ouh, ouh » et là je me dis que ce serait une bonne idée un groupe où la chanteuse est à la batterie et les musiciens font les chœurs.

L’heure tourne, nous embarquons dans l’Odyssée synthétique de Flavien Berger. Seul et coincé entre son clavier et ses machines, il est difficile d’imaginer qu’il est le phénomène du moment encensé par la critique. Je n’aime pas les comparaisons donc je n’écrirai pas qu’il a la voix d’Etienne Daho, les compositions de Sébastien Tellier et la chevelure de Julien Doré parce que cela reviendrait à le mettre en boîte. Il parvient à capitaliser sur la complaisance de ses fans, pour ma part, j’ignore si c’est un génie ou une mystification, l’avenir nous le dira.

Dans un festival, il faut faire des choix : musicaux et logistiques. Si on prend des frites, on rate la fin de Grandbrothers alors que si on choisit les fallafels, on peut voir le début de Cat Power… J’aime beaucoup la voix de Cat Power mais je préfère l’écouter chez moi plutôt que dans la longue file qui conduit aux toilettes et puis il faut aussi remplir les verres pour retourner au Melusina. Choisir, c’est renoncer.

Nous revoilà dans le sauna où les roadies (encore eux) préparent la scène pour IDLES. A l’inverse des photographes, nous avons assisté aux trois premières chansons du balcon et nous sommes descendus dans la fosse pour le reste. Et ça fait du bien d’être autorisés à mettre des coups de coudes aux vikings barbus, d’essayer de ne pas glisser sur la sueur et de ne pas se faire casser les dents par un anglais trop content d’être là. Le set est plus court qu’aux Rotondes mais défilent quand même mes titres préférés : Danny Nedelko, Mother, Rotweiller… Le staff n’a jamais vu un guitariste en slip marcher sur le bar, il s’inquiète pour les lustres à pampilles et la décoration florale.

Sur la Main Stage, le parvis est en train d’être nettoyé, le bar est fermé, l’after DJ party est ailleurs.

Au-delà de 100 décibels, les bouchons d’oreilles sont inefficaces. Je ne sais pas si les acouphènes vont persister longtemps mais la prochaine fois, je ferai comme Ulysse, je mettrai de la cire dans mes oreilles pour résister aux chants des sirènes.